WILLIAM PASCAL : UNE INTERVIEW LINGUISTIQUE

Chez Artichaut on partage une certaine admiration pour Do Your Thang, ce crew romain qui, tout en gardantun esprit de famille, arrive à nous mettre bien avec une multitude d’albums et de freestyles de qualité. À l’occasion de la sortie de son premier album, nous avons discuté avec William Pascal (qu’on présente dans cet article) sur ce projet, sur son style, sur le choix d’écrire en français. Un intervista da bere come una Peroni o uno spritz all’aperitivo.

 

Salut, pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter au public français, qui ne te connaît pas.

Salut à tous, c’est un plaisir de pouvoir vous « parler », même si je ne vous vois pas je suis sûr que vous êtes putain de beaux.

Depuis combien de temps as-tu commencé à écrire et à rapper sérieusement ?

L’approche concrète vient petit à petit, au fil des expériences et des rencontres professionnelles. Pour ma part je m’y suis mis de plus en plus sérieusement depuis mes débuts dans l’écriture, en 2010.

Quelles sont tes influences musicales (même en dehors du rap). Dans le titre « La Bibbia » tu fais l’énumération de beaucoup d’artistes et groupes d’horizons esthétiques différents. Tu peux nous en dire un peu plus ?

Avant de passer de l’autre côté j’ai toujours été un « fanatique » de rap. Pour autant j’ai sans cesse cherché à écouter et m’inspirer d’autres styles musicaux comme la pop, le reggae ou l’électro. Je suis un fou de musique et dans « La Bibbia » j’ai voulu rendre hommage à quelques (plus de 150 !) groupes qui ont été important dans ma formation musicale. Puisque cette interview sort en France je te cite volontiers Stromae, Panda Dub et Manu Chao !

Tu as commencé le rap par le biais des freestyles et des battles. C’est important pour toi cet aspect « compétition » dans le rap ?

Si tu parles de « compétition positive » alors oui, tout à fait, ça pousse à s’améliorer, sans cesse.

Tu fais partie du crew « Do Your Thang », très actif sur la scène romaine. Ça s’est fait dès la création du crew ou plus tardivement ? Comment ça s’est passé ?

J’ai connu Do Your Thang en tant que fan de tous les artistes présents à l’origine. A la fin de l’année 2013, quand il y a eu un « appel » à faire partie du collectif, j’y ai répondu avec beaucoup d‘enthousiasme !

Quels sont avantages de faire partie d’un collectif comme celui-ci ?

Ils sont divers. Tout d’abord d’un point de vue économique et organisationnel tout simplement. Ensuite, faire partie d’un collectif aussi varié et s’y référer de manière quasi-quotidienne stimule énormément la créativité.

Parlons un peu de ton style, au début de ton parcours on te sent très influencé par les rimes riches et les multisyllabiques. Comment tu fais pour écrire ? Tu choisis d’abord le thème à aborder ou c’est d’abord la construction du flow qui te porte ?

Ça dépend, souvent je me laisse porter par ce que le beat me fait ressentir et je cherche patiemment une bonne attaque (ou un bon flow). Parfois j’arrive à trouver directement un thème duquel je peux partir.

Tu sembles avoir une fibre sociale ou « consciente » dans le choix de tes thèmes, comment s’opère le choix ?

Je cherche effectivement à dire mon avis sur ce qui me touche, après ce qui sort du stylo vient toujours avant ce qui sort de ma tête, c’est très instinctif !

Comment s’est passée la gestation de ce premier album ?

Ça a été un long parcours, semé d’embûches, mais qui me remplit de fierté et de satisfaction. L’idée est née de manière très spontanée et il nous a fallu être très patients pour fignoler chaque détail avec attention.

Dans William Pascal tu as décidé d’explorer de nouvelles sonorités, alors que tu es plutôt connu pour rapper sur des instrus boom bap. Tu n’as pas peur de la réaction du public ?

Pas du tout. Ceux qui me connaissent savent que j’écoute autant du Masta Ace que du Keith Ape, ou en Italie du Neffa (pionnier de la scène hip hop italienne ndlr) que Sfera Ebbasta. J’adore les nouveaux sons et je pense qu’il est fondamental, dans la carrière d’un artiste, d’expérimenter de nouvelles choses. Je ne te cache pas que, au vu de ce qui se passe actuellement, me rapprocher de la trap suit également une exigence commerciale, mais pour autant cela ne rend pas ma musique moins “vraie”.

Ces nouvelles sonorités ont eu une influence sur ta manière d’écrire?

Oui, c’est sur que les modalités d’écritures sont différentes quand les bpm et les sonorités sont différentes. C’est important d’arriver à s’exprimer d’une manière qui te soit propre, même sur des nouvelles sonorités, sans dénaturer son éthique ni copier ce qui se fait autour.

En conclusion de l’album on a un titre en français, que tu as d’ailleurs décidé de mettre en avant en le clippant. En France (et j’imagine que c’est la même chose en Italie), c’est rare de chanter dans une langue qui n’est pas la sienne. Pourquoi tu as fait ce choix?

Pour moi une des caractéristiques principales d’un MC c’est de savoir surprendre, et ça a toujours été mon but de me distinguer de ce qu’on pourrait appeler un “rappeur classique”. Le choix de mettre un titre en français dans l’album c’est d’abord une déclaration d’amour au rap français, mais aussi car j’ai remarqué que cette langue fonctionnait bien sur des sonorités trap. Ça fait plusieurs années que j’écris et expérimente des choses en français, c’est une sorte de défi permanent !

La manière d’écrire varie selon qu’il s’agisse du français ou de l’italien?

Je pense que le français se prête plus à l’exercice que l’italien, notamment grâce à une multitude de mots brefs (d’une ou deux syllabes), et aussi à l’usage de nombreux mots de “liaison” ou du verlan. Mais c’est sûr qu’étant moi même italien j’ai un vocabulaire plus varié dans cette langue , du coup c’est plus facile de trouver les rimes et les mots justes. Ecrire en français me prend plus de temps, c’est logique.

L’album contient pas mal de featuring. On retrouve des têtes connues dans ton entourage, qu’ils viennent de Do Your Thang ou d’ailleurs. Mais on note aussi la présence de Danno, du groupe Colle der Fomento (une des figures majeures du rap romain ndlr). Comment la connexion s’est faite?

Toutes les connexions se sont faites parce qu’il y a un rapport d’estime réciproque entre nous, et c’est pareil ^pour Danno. Il y a quelques mois je lui ai envoyé le prémix de l’album et, même s’il s’éloigne des sons old school, Danno a immédiatement saisi la valeur et l’épaisseur de l’album. Comme nous partageons des expériences et notamment des scènes depuis 2 ans maintenant, on a décidé de sceller notre amitié avec ce morceau.

Et si tu devais faire un featuring avec un rappeur ou une rappeuse français.e tu prendrais qui?

 

Kenny Arkana direct !

Tu as déjà beaucoup tourné en Italie, mais le fait d’avoir un projet “complet” a défendre sur scène change-t-il ton appréhension? Une tournée est prévue?

Le 2 décembre au Teatro Quirinetta, à Rome, on fait une soirée pour la présentation de l’album, avec toutes les personnes présentes dessus et d’autres surprises! Pour la suite ça dépendra des résultats de cette soirée mais l’idée est de faire une tournée en Italie à partir de janvier. Et pourquoi pas en France aussi, qui sait !

Tu as d’autres projets en route?

J’ai déjà commencé à prendre des notes pour des projets futurs, mais pour l’instant je veux profiter de la sortie de l’album et si possible le jouer dans un maximum d’endroits en 2018 !

On te laisse le mot de la fin, fais toi plaisir!

Merci pour l’interview et pour le soutien ! J’espère vous voir vite à Paris autour d’une canette et d’un joint ! Solo amore !
 

Vous pouvez retrouver “William Pascal”, l’album de ce dernier : 

En streaming -> https://open.spotify.com/album/4n0PwlM0YOOg272mlAP939

En physique -> http://shop.doyourthang.it/product/william-pascal-william-pascal

Sur Itunes -> https://itunes.apple.com/it/album/william-pascal/1309691141

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