BFG – Quinze Trente Vol2

BFG vient de Stains, dans le 93. C’est en 2013 que le rappeur sort son premier projet. Mais c’est grâce à son clip “Fils arrête” que sa carrière va véritablement décoller.  Fin décembre, il nous balançait “Quinze Trente, Vol2” et pour les retardataires, on revient dessus parce que ça vaut le détour !

” J’ai mis le son fort, le voisin se plaint bien qu’on soit en pleine après-midi “

 

 

Quinze Trente

Quinze Trente” c’est l’histoire d’un concept bien rodé et assez fou : l’envie de partager à son public des clips tous les 15 et les 30 du mois. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai connu BFG en 2019, grâce à la sortie du merveilleux “Dans le viseur“. Depuis la fin du confinement du mois de mars, le rappeur continue de mettre en ligne ses vidéos, toujours aussi bien travaillées, nous mettant à chaque fois dans une ambiance différente. Après le premier volume sorti l’année dernière, l’artiste signe le second opus. Quinze titres et vous savez comme j’aime ce format. Ouais, je vous entends d’ici, et j’assume entièrement ce côté psychorigide de ma personne : j’ai d’emblée une énorme tendresse pour un album de 15 titres tout simplement parce que le nombre 15, c’est la vie, c’est comme ça. 15, c’est joli. Plus sérieusement : pour un album, ce n’est pas assez long pour que ça nous prenne la tête et en même temps, ce n’est pas assez court pour qu’on reste sur notre faim. Avec 15 titres, on sait d’entrée de jeu que l’artiste a mis le meilleur de ce qu’il sait faire, tout en ayant la possibilité d’exposer toute sa palette. Et en parlant de palette, BFG en a une qui mérite qu’on y jette une oreille.


Quinze petites pépites

Rares sont les rappeurs complets, qui savent amener un certain équilibre sur un même projet. Sur “Quinze Trente, Vol2“, BFG nous emmène dans un univers multiple, de manière à la fois très naturelle et bien pensée. Et c’est une réelle force, surtout dans un paysage rap qui évolue sans cesse de façon toujours plus rapide. Quand on se lance dans le projet, on se rend compte que l’artiste a acquis une éducation musicale intéressante : les sonorités sur lesquelles il évolue sont tellement larges que le fait qu’il ait puisé son inspiration dans différentes niches s’entend et se palpe dès les premiers morceaux. Une justesse impressionnante. Une cohérence évidente. Une grille d’écoute sur plusieurs niveaux qui éveille un intérêt qualitatif dès les premières mesures. Et je dois vous avouer que ça m’a fait beaucoup de bien. Et mon coup de cœur arrive dès le premier morceau du projet grâce à “Louisiana” où BFG nous cueille directement avec une prod magistrale, à la fois mélancolique et tellement puissante (composée par Break FrappeGame et Heizenberg). Dessus le rappeur découpe entre force et amertume. Le clip est sur la même tendance, tout en noir et blanc. On retrouve cette ambiance que j’aime énormément sur les titres “Menace” et “Encore une série“. Tout le projet s’équilibre entre douceur et rage, parfois sur le même titre (comme “Monte à la tête” en feat avec Likmus), le rappeur arrive à prendre à contre-pied avec facilité toutes les prods sur lesquelles il pose. Le titre “Aya Nakamura” est en la quintessence même, un titre où on peut aisément imaginer la chanteuse se l’approprier : il joue le jeu, assume l’exercice et le réussit au même niveau qu’elle. Sur “Malade” ou encore “Jnr“, on retrouve un BFG beaucoup plus énervé, très street et tout en égotrip. Un autre morceau qui m’a particulièrement parlé m’est arrivé au milieu du projet avec “Plantation” : toujours cette capacité à créer un équilibre quasi parfait entre la prod, cette amertume et ce venin que le rappeur nous crache à la hauteur du sujet abordé, la traite négrière. Pour terminer, coup de cœur intégral pour le titre “Boulot” en feat avec LEDOS : la prod est juste dingue (merci Ysos Beat !) et l’ambiance du morceau, jusque dans le clip est tellement carré, tellement limpide qu’une fois mis une première fois, on ne peut s’empêcher de violer le bouton replay.

 

” Noir comme charbon, comme esclave : j’suis dans la plantation. Pas de pardon, j’oublierai pas : pas de lamentations.”

 

 

Quinze prochaines années

Comment se profile la suite pour BFG parce que maintenant, on a hâte et on attend patiemment ce que le rappeur nous prépare. Et il nous avait déjà mis sur la piste l’année dernière sur “Quinze Trente Vol1” avec deux titres en version acoustique (“Dans le viseur” et “Léon“). Une réédition du volume 2 avec instruments est en préparation et on se languit déjà d’entendre ce que va donner cette nouvelle interprétation, cette nouvelle vision artistique de ces morceaux. Un nouvel EP devrait aussi voir le jour, avec des inédits : nouveau défi pour l’artiste boulimique d’idées et de prises de risque. Envie de se dépasser, de ne jamais rester sur ses acquis, d’aller toujours plus loin, de ne pas se cantonner à un seul délire. Et même de franchir les frontières musicales qu’il a d’ailleurs l’habitude de franchir dans son travail personnel. Le titre “Makossa” en est d’ailleurs une belle preuve : de la prod, au texte, en passant par l’ambiance générale avec cette reprise de Manu Dibango sur le refrain, le titre assez pop dans sa forme et très urbain dans le fond donne un rendu final des plus aboutis. BFG souhaiterai s’ouvrir encore plus, et travailler avec le monde entier. Et c’est tout ce que je lui souhaite pour la suite.

 

Retrouvez BFG sur les réseaux, sur toutes les plateformes de streaming et tous les 15 et 30 du mois sur YouTube.

 

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